Ce texte avait été écrit suite à la première victoire de Syriza en Grèce. Nous le relançons ce 20 septembre 2015 suite à sa seconde victoire parce qu'il est encore plus d'actualité. La classe politique française ne voit en Syriza qu'un parti d'extrême gauche. Nous à l'Alternative Crédible le voyons d'abord comme un parti populaire qui lutte contre l'oligarchie et les clientélismes qui ont coulé la Grèce. C'est au fond ce que nous voulons faire en France avec un mouvement citoyen issu du Centre alternatif.
La victoire de Syriza en Grèce réjouit bien au-delà des partisans de l’extrême gauche. De tous ceux qui se sentent solidaires des souffrances endurées par le peuple grec à tous ceux qui rêvent d’une autre Europe qui défende enfin les intérêts des peuples européens, ils sont nombreux à voir dans cette victoire électorale l’annonce d’un « printemps des peuples européens ».
Chaque pays peut être concerné par la montée d’un parti populaire. Selon son Histoire particulière et sa situation actuelle, il sera un parti d’extrême gauche, d’extrême droite, d’extrême centre, identitaire ou autre. La France sera concernée car il manque cruellement dans le champs républicain un parti capable de faire le lien entre les expériences des citoyens sur le terrain, leurs souffrances et leurs aspirations au quotidien et la construction d'un grand projet de société global et cohérent.
Il manque le parti de l’état fort et régulateur capable d’arbitrer en faveur des producteurs sur la grande distribution, de dompter les banques pour les contraindre à financer l’économie réelle, de recentrer le social sur les travailleurs pauvres, de rétablir l’ordre dans les écoles, de réorganiser les administrations et de redessiner la carte des collectivités territoriales, de refuser que les dépenses utiles au peuple, le financement des maternités, des hôpitaux, des services publics de proximité, des armées, … soient systématiquement rognées tandis que les dépenses de prestige, de com, les frais de représentation, … sont épargnées de tout effort de rigueur budgétaire comme si l’élite pouvait continuer tranquillement de dilapider les ressources publiques tout en faisant supporter le poids de la crise par le peuple.
Il manque également le parti de la justice qui, parceque la complexité juridique est socialement discriminante, simplifiera au maximum la loi mais l’appliquera à tous de la même façon, qui mettra fin aux passe-droits et aux emplois de complaisance dans les organismes para publics ou les associations amies des potentats locaux, qui refusera les conflits d’intérêts dans les commissions d’experts, qui abrogera les normes et les réglementations abusives produites par une technocratie méprisante envers les réalités de terrain, qui mettra fin au scandale du RSI et des tribunaux de commerce envers les entrepreneurs et les professions libérales, qui arrêtera de prendre perpétuellement les classes moyennes, les automobilistes, les propriétaires, les fumeurs, … pour des vaches à lait.
Il manque enfin le parti de la politique à long terme, de l’état stratège qui investira dans le développement des activités de demain, qui sera capable de comprendre les vrais enjeux de notre époque, et par conséquent, qui fera prendre à la France le train de la 3ème révolution industrielle tant qu’il en est encore temps pour lui éviter un déclassement catastrophique, qui développera une société éco collaborative alternative au modèle consumériste pour à la fois travailler efficacement à la réussite de la transition écologique et pour inventer de nouvelles formes de pouvoir d’achat, et qui défendra avec détermination les libertés publiques, les espaces publiques de gratuité et la liberté de pensée face aux pressions combinées du terrorisme, des idéologies sécuritaires et hygiénistes, des possibilités infinies de contrôle ouvertes par les nouvelles technologies, de l’avancée du tout commercial, de la concentration des acteurs économiques, de la standardisation des modes de vie, de l’étouffement de la société par une bien-pensance hypocrite … qui chacun à leur façon concourent à les réduire chaque jour un peu plus.
La France a besoin de renouer avec le fil de son histoire en revenant à ses valeurs fondamentales que sont la laïcité, la tolérance, la liberté de pensée et la citoyenneté, en défendant sans complexe ses intérêts par le refus du Traité Transatlantique, en faisant « la diplomatie de sa géographie » par la création d’un « Commonwealth francophone » et par la construction des « Etats Unis d’Europe », sous la forme d’une puissance protectrice de l’Atlantique à l’Oural comme le prônait le Général De Gaulle.
Tout cela notre système bipolaire en est complètement incapable car il favorise les postures, les stratégies cyniques de communication, la formation de clans et d’écuries présidentielles. Voilà pourquoi il faut d’urgence introduire une dose de proportionnelle, renouveler la classe politique en y favorisant la diversité sociale qui manque tant aujourd’hui et ouvrir la voie à une alternative politique nouvelle et crédible en créant une sorte de « Syriza » du Centre, économe des deniers publics comme l’est d’ailleurs Syriza dans sa gestion de la région de l’Attique, et porteur d’un projet de société global et positif au service des classes moyennes et populaires, des entrepreneurs, de l’intérêt général et des générations futures. Il manque ce parti nouveau, capable du même parti pris pour le peuple que Syrisa en Grèce, mais avec une orientation centriste correspondant mieux aux besoins de la France d’aujourd’hui. Il manque l’équivalent moderne de ce qu’a été le parti radical socialiste sous la 3ème République, un parti populaire centriste digne de ce nom capable de redonner une nouvelle jeunesse à la République.
Sinon, nous connaîtrons la paupérisation généralisée, la communautarisation de la société, l’explosion de toutes les formes de violences et, probablement,… les charmes de l’extrême droite au pouvoir !
Philippe Dervaux