"Avant de te demander ce que ton pays peut t'apporter, demandes-toi ce que tu peux apporter à ton pays." John F. Kennedy
L'idée d'un service national universel part d'une bonne intention. Renforcer la cohésion nationale en permettant aux jeunes d'une classe d'âge de toutes conditions sociales et de toutes origines territoriales de se mélanger et de recevoir un enseignement sur les valeurs républicaines est quelque chose de positif. Il est de plus compréhensible et salutaire qu'Emmanuel Macron cherche à respecter sa promesse électorale. Enfin, la solution préconisée dans le rapport Ménaouine, soit un mois obligatoire en internat pour les jeunes de 16 ans, et vers laquelle on semble s'acheminer, présente quelques avantages comme l'enseignement des gestes de premiers secours.
Mais cette proposition comporte aussi des inconvénients rédhibitoires que le rapport Ménaouine ne cache d'ailleurs pas. Le premier est le coût. 2 à 3 milliards d'euros par an au bas mot pour loger et encadrer 600000 jeunes, auquel il faut rajouter au préalable des investissements coûteux dans l'immobilier, les casernes de l'ancien service militaire ayant été fermées et l'éducation nationale n'ayant que 30000 places en internat. Le deuxième est de mécontenter l'armée. Les militaires ont été formés pour le combat, veulent s'entraîner et être utiles à la défense nationale et n'ont pas du tout envie de perdre leur temps et leurs compétences dans des tâches de "pions" dans des internats! C'est même une humiliation pour beaucoup d'eux. Et ils ne comprennent pas cette débauche de moyens alors qu'ils doivent se serrer la ceinture pour l'entretien et le renouvellement du matériel militaire. Le troisième enfon est l'esprit même de ce service national universel. Il sous-entend que les jeunes sont mal éduqués et qu'ils ont besoin d'une séance de rattrapage financées sur les deniers publics. C'est la collectivité qui apporte quelque chose aux jeunes, alors que l'esprit du service national d'avant 1997 était inverse. C'était les jeunes qui donnaient de leur temps pour participer à la défense du pays.
C'est pourquoi nous pensons qu'il ya beaucoup mieux à faire. Au lieu que la collectivité finance un service national pour les jeunes, pourquoi ne pas demander aux jeunes de donner un peu de leur temps et de leur énergie pour la collectivité? Ce serait beaucoup plus gratifiant pour eux et beaucoup plus utile à la collectivité. Ce serait aussi beaucoup plus logique dans un pays qui a tout à la fois le plus grand déficit public d'Europe, les impôts les plus élevés d'Europe et des services publics essentiels sous-financés. Ne serait-il pas plus pertinent d'allouer ces moyens aux hopitaux, à la justice, à la police, à l'armée, ... qui en manquent tant?
La solution que nous proposons est un service civil des jeunes de 16 ans dans les maisons de retraite de 10 heures par semaine durant 1 an. Pas besoin alors de financer et d'aménager des locaux. Les jeunes feraient leur service dans la maison de retraite la plus proche de chez eux. Cette solution vise surtout à répondre aux enjeux majeurs pour notre pays que sont le vieillissement de la population et son corollaire la dépendance. Les services non rémunérés que les jeunes feraient permettraient d'accroître le nombre de places en maisons de retraite et de réduire le coût moyen de ses places. Ce serait à la fois une partie de la solution pour la collectivité pour faire face au vieillissement et à la dépendance et à la fois une oeuvre sociale pour les bataillons de séniors sans patrimoine qui s'apprètent à entrer dans le 3ème âge puis dans le 4ème âge.
Ce serait également un formidable moyen de renforcer le lien intergénérationnel dont notre pays manque tant, les jeunes apportant aux personnes âgées leur joie de vivre et leur énérgie et les personnes âgées transmettant aux jeunes leur expérience de la vie et le patrimoine culturel du pays. Tout le monde serait gagnant, la collectivité, les personnes âgées et les jeunes doublement, par ce qu'ils recevraient des personnes âgées et par la légitimité et la reconnaissance qu'ils récolteraient du reste de la société. De plus, enseigner à nos jeunes que notre société est fragile, qu'elle dépend de l'apport de chacun et que les droits légitimes pour tous reposent sur des devoirs de tous est important. C''était aussi cela l'enseignement initial du service militaire tel qu'il existait avant sa suppression en 1997.
Emmanuel Macron a exprimé son souhait d'une concertation avant la mise en place du service national universel. Que cette proposition de l'Alternative Crédible alimente le débat national au nom de l'intérêt général!
Pour le think-tank de l'Alternative Crédible,
Philippe Dervaux