Depuis 30 ans les services publics de proximité n'ont cessé de se dégrader, les maternités, les perceptions, les bureaux de poste, les classes des écoles maternelles et primaires, ... ferment tandis que les impôts et taxes ne cessent d'augmenter. Depuis 30 ans également les charges fixes, loyers, assurances, électricité, chauffage, ... ne cessent d'augmenter et les salaires stagnent.
L'augmentation de la taxe carburant est la goutte qui a fait déborder le vase. Comment peut-on demander à des citoyens des campagnes et des zones périurbaines de réduire leur consommation de carburant alors qu'ils n'ont pas d'alternatives à la voiture pour aller travailler, qu'avec la disparition des services publics de proximité ils sont contraints à des déplacements de plus en plus longs et que de toutes les façons ces travailleurs pauvres restreignent déjà leurs déplacements au minimum!
Dans ces conditions, la révolte est complètement légitime et il est tout aussi légitime de réclamer le beurre et l'argent du beurre, plus de services publics de proximité et moins de taxes, mais aussi plus d'écologie et moins de taxes sur les carburants, et pour embrasser toutes les dimensions du mouvement, plus de considération pour les classes moyennes, les travailleurs pauvres, les habitants des campagnes et des zones périurbaines, les français n'appartenant à aucune communauté, et moins de réglementations, de leçons de morale, de conditionnement par la bienpensance et son idéologie "progressiste".
Voilà les 3 problématiques au coeur du mouvement des gilets jaunes et dont ses porte-paroles dans les médias et les participants gilets jaunes au grand débat devraient avoir en permanence à l'esprit.
La revendication de plus de services publics de proximité mais de moins de taxes questionne la gestion des finances publiques. C'est un bras de fer entre d'un côté la majorité du peuple représentée par les gilets jaunes et de l'autre l'alliance des élites et des communautarismes pour déterminer sur qui reposera les efforts nécessaires pour réduire les dépenses publics et pour mieux financer les services publics de proximité. C'est plus profondément un conflit sur le modèle économique, l'opposition entre le néolibéralisme des élites et le "libéralisme de proximité du peuple". Le peuple a besoin d'un libéralisme de proximité, de moins de taxes, de réglementations, de bureaucratie mais de plus de protection, de régulation macroéconomique, ce que nous appelons "un micro libéralisme macro régulé".
La revendication de plus d'écologie, d'efficacité écologique, mais de moins de taxes sur les carburants questionne notre conception de l'écologie. C'est un bras de fer entre d'un côté les élites qui prônent une écologie de com, de bonne conscience et de culpabilisation des comportements individuels, tout en évitant bien soigneusement de remettre en cause le système économique dont elles profitent et de remettre en cause, si ce n'est à la marge, leur mode de vie très consommateur de ressources naturelles, et d'un autre côté le peuple qui ne veut pas payer la facture de la transition écologique car il n'arrive déjà plus à joindre les 2 bouts avec la facture de la mondialisation. Le peuple a besoin d'une autre conception de l'écologie, non punitive et non technocratique, plus efficace et plus respectueuse des conséquences sociales et économiques.
La revendication de plus de représentativité des classes moyennes et populaires et de la majorité n'appartenant pas à une communauté valorisée, de ce "peuple des invisibles", de ces travailleurs pauvres qui voient leur revenu disponible fondre et qui n'ont jamais le droit à rien, questionne une dimension culturelle voire identitaire de notre société, sur ses finalités, et constitue une révolte générale contre le "système" et notamment contre son idéologie sociétale progressiste, et en même temps, cela constitue une demande d'intégration dans ce système et d'écoute de la part des politiques par ailleurs décriés. Le peuple conteste le système, veut le changer en profondeur, mais ne veut pas l'anarchie mais être mieux reconnu et intégré par le système.
Ces 3 problématiques économique, écologique et culturelle s'imbriquent les unes dans les autres et la conscience claire de cette réalité doit constituer la colonne vertébrale "intellectuelle" du mouvement. Malheureusement, beaucoup de ses intervenants dans les médias n'ont pas cette conscience et se laissent détournés dans leurs prises de position des objectfs initiaux du mouvement. Le risque pour notre mouvement est alors de se faire récupérer et manipuler par les gauchistes sur le volet économique, par les technocrates sur le volet écologique et par les extrémistes sur le volet culturel.
Que ce soit dans la façon dont on le perpétuera, dans la participation au Grand Débat National ou dans les prises de parole publiques, il est donc absolument indispensable d'avoir conscience de ces 3 dimensions. Non il ne suffit pas comme l'exigent les gauchistes de rétablir l'ISF et de taxer les riches pour résoudre tous les problèmes. Non la 'trajectoire carbone" ne doit pas juste être reportée ou être compensée par un dispositif technocratique. Non la dimension culturelle ne doit pas justifier une remise en cause de la légitimité du Président de la République et des comportements factieux. Voilà pourquoi notre mouvement doit s'appuyer sur une pensée structurée.
Ainsi, parce qu'il est revendique le beurre et l'argent du beurre dans ces 3 dimensions principales , le mouvement des gilets jaunes est original et appelle à des idées neuves portées demain par une force politique neuve. Le succès du mouvement à long terme en dépend. Quant à la résolution de la crise immédiate, elle dépend de la capacité des gilets jaunes et du Président de la République à trouver un terrain d'entente sur la volonté commune des 2 parties de "transformer" le pays en profondeur. Certes, les 2 parties ont des visions différentes de ce vers quoi transformer le pays, mais des points de convergence sont possibles. C'est là que se situe la possibilité d'une issue positive à la crise.
Nous devons tous travailler à cette issue positive. Les rancoeurs ou les oppositions idéologiques légitimes envers le Président de la République ne doivent pas nous aveugler. Il est temps maintenant de faire le travail intellectuel, de proposer des idées à la fois créatives et pragmatiques, de bousculer les conservatismes de la pensée et les dogmes de la bien-pensance économique et sociétale pour que ce magnifique mouvement de révolte et de réveil du peuple français débouche sur une issue positive pour tous. C'est notre responsabilité pour la collectivité nationale et pour toutes celles et ceux qui ont tant sacrifié pour ce mouvement.
L'Alternative Crédible, le think-tank qui soutient les gilets jaunes depuis le début, organise une réunion publique dans le cadre du Grand Débat National. Elle aura pour thème "Des idées neuves pour avoir le beurre et l'argent du beurre. Plus de services publics, moins de taxes, OUI C'EST POSSIBLE!". Elle s'inscrira dans le thème "Organisation de l'état et des services publics". Elle se déroulera le lundi 25 février à 19h30 au 100 kilos, 2 rue de la folie Méricourt, 75011 Paris, (métro Saint-Ambroise ligne 9). Vous y êtes tous chaleureusement invités. Dégager les points de convergence pour une issue de crise positive est toute la réussite qu'on peut souhaiter à ce Grand Débat National!
L'équipe du think-tank de l'Alternative Crédible