"Je ne pense pas que ce soit une crise. Il y a des problèmes profonds dans notre pays qui sont liés à l'injustice, aux difficultés économiques qu'on connaît depuis très longtemps, aux défis qu'on a devant nous, liés au vieillissement, au numérique, à l'écologie... Je pense que ceci crée des peurs. Notre défi c'est d'y répondre. Et je ne crois pas du tout que ce qui a créé une colère sincère d'une partie de la population soit derrière nous"
Par cette dernière phrase d'une incroyable compréhension envers le mouvement des gilets jaunes qui tranche avec le mépris souvent affiché précédemment, Emmanuel Macron a tendu la main aux gilets jaunes, du moins aux gilets jaunes constructifs, c'est-à-dire à toutes celles et à tous ceux qui sont fidèles aux revendications du 17 novembre et veulent avant tout des réponses concrètes à leurs revendications.
Le drame est que personne parmi les "leaders" des gilets jaunes n'a saisie l'occasion de renouer le dialogue.
De la part des "leaders radicalisés" et de leurs pages et groupes facebook, on pouvait s'y attendre. Mais de la part des leaders des gilets jaunes constructifs, pourquoi ce silence? Qu'ils soient engagés politiquement dans un mouvement d'opposition à Emmanuel Macron ou qu'ils aient des divergences de vues avec lui, ce n'est pas en soit un problème, mais en tant que représentant de fait d'une partie des gilets jaunes, il est vraiment dommage de ne pas saisir cette main tendue.
Le mouvement des gilets jaunes est aujourd'hui dans une impasse politique. La réduction de ses revendications au "RIC toutes matières" et à "Macron démission" sous l'influence d'Etienne Chouard, véritable maitre à penser de Priscillia Ludovsky et de Jérome Rodriguez, est une voie sans issue. Les manifestations du samedi ne sont plus représentatives des gilets jaunes du 17 novembre. Elles sont complètement reprises en main par les groupes politiques d'extreme gauche qui y imposent leurs slogans.
Les problèmes de fond à l'origine de la révolte n'ont en rien disparus. L'effondrement de territoires entiers avec la désindustrialisation qui entraine la disparition des commerces et des services publics de proximité continu. L'augmentation des prix des carburants, de l'électricité et de quantité de dépenses contraintes a repris. La société est à bout. Le climat politique se tend. Emmanuel Macron en a conscience et sait bien qu'il risque lui-meme de se retrouver rapidement dans une impasse.
Alors laisser la situation pourrir n'est dans l'intéret de personne, ni des gilets jaunes, ni d'Emmanuel Macron. Voilà pourquoi au nom de notre engagement sincère dans le mouvement des gilets jaunes et au nom de notre patriotisme, nous devons saisir cette main tendue et proposer une reprise du dialogue autour de revendications concrètes qui à la fois satisfassent l'immense majorité des gilets jaunes du 17 novembre et des 75% de soutien dans l'opinion au début du mouvement et à la fois apportent des solutions aux problèmes de fond auquel le pays est confrontés.
Sur la sécurité routière, sur la baisse des taxes et la réorganisation de la gestion de l'état qui est liée, sur une autre approche de l'écologie moins discriminante socialement et territorialement qui est nécessaire, sur la défense et la réorganisation des services publics de proximité, ... il y a la possibilité de convaincre Emmanuel Macron et de trouver des points d'accords.
Les "radicalisés" vont hurler. Mais ils ne sont pas représentatifs et nous, gilets jaunes constructifs, devont avoir le courage d'assumer notre démarche dans l'intéret du pays, du mouvement des gilets jaunes et des dizaines de millions de français qui souffrent au quotidien de leur situation qui se dégrade.
Philippe Dervaux
fondateur de l'Alternative Crédible, le think-tank des gilets jaunes
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