1) Forces et faiblesses du centre
Ce qui fait à la fois la richesse intellectuelle et toute la difficulté de la pensée centriste est qu'elle cherche à prendre en compte toutes les facettes de la réalité humaine, même si elles sont contradictoires. Cette exigence de réalisme est autant sa beauté que sa faiblesse. Le centre est d'abord un tempérament enclin à la conciliation et au compromis. Cela l'expose en permanence aux accusations de mollesse, d'opportunisme, d'indécision et de compromission avec l'autre camp lorsqu'il est intégré dans une majorité. Pour un centriste, rien n'est ni tout blanc ni tout noir. Il ne voit que des nuances de gris. Ce qui légitime donc la démarche centriste est la complexité de notre époque et l'échec des approches simplistes pour résoudre les problèmes. Pour prendre un contre-exemple de ce qui est l'exact inverse d'une démarche centriste, le volontarisme sarkozyste, qui est est une qualité en soi, a logiquement fait chou blanc dans sa prétention à réformer la France. Chaque injonction s'est brisée sur le mur de la réalité ou a capitulé devant les oppositions catégorielles. Mis à part une réforme des retraites à minima, une autonomie des universités qui est une bonne idée mais dont l'application reste à améliorer, un RSA aux résultats décevants, et la fusion de l'ANPE et des ASSEDICS dans un Pôle Emploi qui fonctionne mal, le bilan en politique intérieur (le bilan en politique extérieur est bien meilleur) est beaucoup d'agitation pour peu de résultats. La raison fondamentale est sa façon de vouloir toujours agir dans la précipitation, sans concertation suffisante, et en prenant des postures radicales. Résultat, beaucoup d'annonces fracassantes, qui sonnent justes dans le temps médiatique, mais dont il ne reste pas grand chose dans le temps réel.
(texte écrit le 06/02/2011, non modifié et amélioré depuis car faisant parti des textes fondateurs de ce site)